De l'importance du chapeau au Celtic Pub...
Si vous lisez cet article, c’est sûrement que vous êtes convaincu de la diversité et de la qualité de la programmation artistique proposée par le CeltiC PuB. En effet, il s’agit de pas moins de 300 groupes par an, allant de la chanson la plus francophone, jusqu’aux tréfonds de l’expérience musicale (si si, vous savez: quand vous rentrez et que la mâchoire vous tombe, en même temps que vos tympans hurlent qu’il y va de votre survie de fuir à toutes jambes…), en passant par le stoner, et j’en passe et des meilleures. Pour avoir assisté à la totalité des concerts en 11 ans, je peux vous garantir, que malgré la NoT a SélectioN ArtistiquE que j’effectue, je n’en ai vu que très peu qui étaient mauvais en soi (on peut ne pas aimer le punk-hardcore ou l’expérimental, il n’en reste pas moins que certains critères objectifs permettent de dire si c’est bien fait, ou pas.).
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Donc, évidemment, vous vous attendiez à ce que j’y vienne (peut-être pas aussi vite.), la qualité, ça se paie. Et là, certains chagrins me répondront: » c’est ton bar, tu veux y proposer des animations, alors c’est à toi de payer la prestation! ». Oui, sauf que je ne propose pas des animations pour attirer le chaland. Non, j’aurais aussi vite fait de poser une soucoupe de cacahuètes sur le comptoir pour l’apéro; ça me demanderait moins d’efforts, et ça serait plus rentable. Ce que je vous propose, très estimés clients, c’est une bulle d’oxygène pour votre cerveau, un échappatoire à la nauséeuse proposition spirituelle contemporaine, un régime intellectuel varié et sain, une prise de conscience de l’existence de votre encéphale (et je sais que si vous lisez ça, vous en êtes conscients.). Pour ce faire, j’ai décidé, il y a longtemps, que chacun pourrait exprimer ce qu’il pense nécessaire, ce qu’il ne peut pas clamer ailleurs, faute d’attention, de rentabilité. Je dois avouer que j’ai un faible pour l’urgence, quand ça martèle, ça hurle, ça grince, car ça me semble être une réponse organique au méfaits de notre environnement post-nucléaire. Mais je digresse, vous vous fichez pas mal de mes goûts, tout comme moi des vôtres.
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Donc, cette série de concerts n’est pas un attrape-nigauds pour attirer un maximum de personnes au plus près de mes tireuses à bière, et, par voie de conséquence, de ma caisse-enregistreuse, ni une opération pour toucher plus de public. Pour ce faire, je m’en tiendrais à un concert par semaine, n’importe qui pourvu qu’ils bougent dans un coin du bar et fassent joli « wahou t’as vu y’a un groupe live ». Non, je suis boulimique (il faudrait que je consulte à ce sujet.), j’ai une vrai passion, j’entends une démo avec un son douteux, mais je sens que ces personnes ont un truc à dire, et j’ai envie qu’ils le disent, chez moi, qu’ils balancent leurs revendications à la face du monde, qu’ils emmerdent le bien-séant et le ventre mou, en crashant ma sono. Et voilà comment je me retrouve, un mercredi soir, avec Suzy et 12 éberlués, à regarder 4 égarés saigner leur musique-message. Au début, je comprenais pas, je me disais que c’était pas possible que les gens soient insensibles à ce que je propose. Mais avec l’âge, j’ai réussi à réaliser que ça ne concernait que moi, et quelques fous de mon acabit.
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Ceci dit, je reste persuadé (et vous aussi, je l’espère, car sinon, vous n’auriez pas lu jusque là, à moins d’être maso) de la nécessité de cette action. Elle est en soi marginale, comme je viens de le faire remarquer, nous sommes peu à en avoir conscience. Si nous sommes 1% de la population, c’est bien le maximum. Nous sommes peu nombreux, ce qui nous rend d’autant plus dépendants les uns des autres, et responsables les uns envers les autres. Pour que ce malheureux système puisse perdurer, il lui faut de l’énergie. Cette énergie, dans nos économies contemporaines, ne se traduit qu’en termes financiers. Il faut de l’argent! En ce qui nous concerne, il faut de l’argent pour acheter des instruments, le véhicule qui va les déplacer, et la nourriture qui va déplacer tout ça. Malheureusement, personne aujourd’hui n’est capable de manger du papier pour chier des billets; on le trouve dans nos poches. Nous sommes peu à financer ces projets parfois éphémères, mais souvent intenses; ces actions, sublimes parce que dérisoires. Il faut que nous prenions conscience que nous ne pouvons pas jouir indéfiniment de tout ce qui nous entoure sans y apporter notre part d’énergie. Ça n’existe nulle part!
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Évidemment, même si nous naissons libres et égaux en droit, ce n’est pas le cas dans les faits. D’où l’importance principale du chapeau: les plus démunis peuvent profiter de ce qu’ils cherchent à la mesure de leurs moyens, et les plus nantis (dont j’ai la chance de faire partie) peuvent faire un effort plus conséquent et mettre plus d’énergie dans la machine. En outre, le chapeau permet également à chacun de rester seul face à sa décision; je ne regarde jamais ce qui est mis, et mon merci sera le même (par contre, ne me prenez pas pour une truffe en invoquant des prétextes fallacieux – qui sont toujours les mêmes – plutôt que de me dire que vous ne voulez pas participer, chose que je peux comprendre. Ça me met en rogne!).
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Pour finir, car je suis parti un peu trop loin (mais voilà un des sujets qui me tient particulièrement à cœur…), il me semble, en outre d’être normal et logique, nécessaire au bien de chacun d’entre nous, que nos artistes soient rétribués, même si ça reste dans la mesure du possible aux vues du petit groupe que nous formons. Si demain, je me mets à dire aux musiciens qu’ils viennent pour une pinte d’eau, je pense que la qualité des prestations va s’en ressentir. Je m’engage personnellement auprès de chacun pour qu’il puisse être défrayé, s’exécuter dans de bonnes conditions, garder un bon souvenir de son passage à Tarbes, mais pour ce faire, je suis trop faible, et j’ai besoin de la bonne volonté de chacun pour m’aider à faire vivre cette magnifique expérience. Enfin, si vous pensez que l’expérience est magnifique, bien sûr…
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Jean-Louis / Nov.2016
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